Complainte crue, ouverture de nos bras tendus vers un impossible réconfort, déport absolu de nos solitudes, ronde des enfants perdus, superbe apothéose en forme de berceuse d’un groupe arrivé à l’extrême de la maturité et de la fusion, pour mieux se dissoudre l’instant d’après et rejoindre le néant car que peut-on faire quand on a touché ensemble le soleil noir de la mélancolie ultime, si ce n’est repartir chacun dans nos vies et voir l’astre se dérober. Tu imagines le studio, dans la nuit, il parait qu’ils n’enregistraient plus ensemble voix et musique, qu’ils allaient déjà vers la séparation. Ils sont pourtant rassemblés là, dans ce morceau, mettent toute leur force pour célébrer l’union qui s’étiole, le rêve qui disparaît, l’enfance qui s’en va. Demain ils le savent déjà, tout se conjuguera au passé. Et là, tard dans la nuit, une force surnaturelle les prend et ils décollent une dernière fois. Last Night, I Dreamt That Somebeody Loved Me.
