Au creux de ton épaule, je brandis mes logorrhées performatives

PG, l’univers au noir, dit qu’avant d’écrire, il faut se mettre en mode mineur (« on s’y jette avec cette immense tristesse »), se mettre dans les hauteurs que la musique provoque instantanément. Alors la matière vient et, comme un flux, fait œuvre. A ma façon légère, c’est aussi ce que je veux faire. Je me reconnais dans ses intuitions devenues geste incandescent, permanent, celle-ci par exemple : « mon travail n’est pas d’écrire, il est de secréter »« Un artiste, dit-il, qui parvient à ce point- exemples suprêmes : le dernier Beethoven en musique ou le dernier Cézanne en peinture- ne sait plus, en fin de compte, comment il fait ce qu’il fait. Ce n’est plus la matière d’une profession, c’est une matière absolument personnelle, c’est comme le fil secrété par l’araignée ou le miel de l’abeille. J’en suis convaincu. En un certain sens, vous êtes en orbite, vous avez quitté l’espace terrestre, l’environnement social qui devrait logiquement être le vôtre, et vous commencez alors à modeler et à travailler une sorte de matière qui est celle de tout grand art ».  « Vous parvenez alors à un point de connaissance, précise-t-il, où vous avez le sentiment que vous travaillez directement avec la matière elle-même, en la modelant, en la pétrissant ». J’imagine Soulages ou David L pétrissant la pâte, Yves K jetant ses anathèmes bleus aux corps se noyant dans la marée qu’il a lui-même provoquée pour mieux garder leurs traces. Allons-nous Ana partir à notre tour vers ce radical Eden, lâcher le quai, la rive à laquelle nous nous accrochons encore parfois, de moins en moins c’est sûr, partir à l’aventure, la vraie, la forte et au galop encore, le long d’une plage immense, ne plus s’arrêter, ne plus se retourner !