Des petits cailloux blancs accompagnent mes pas, ils vont et viennent dans mes poches, j’y cache aussi mes larmes, mon cœur qui ne se peut s’assécher, ils meublent mes appartements. Je les ramasse ci et là chez moi à K, à Aliki où ils sont des milliers, me suivent et me portent chance. Ils me protègent contre le malheur, qui on le sait frappe fort et au hasard, ils me nourrissent : à chaque fois au touché, c’est comme si je retrouvais grâce à eux la simplicité, l’authenticité de K, ses installations rudimentaires, le bonheur qui s’accroche comme une grappe à la treille, un verre, le soleil écrasant de nos solitudes, le souvenir silencieux d’un amour, le seul, le vrai, celui qui s’en va, le grain perdu de la peau, au contact de l’eau, la joie de t’avoir eu près de moi. Plus d’ombre où se cacher désormais. Comment pourrais-je oublier ?
